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Note d'analyse
Publié le
Jeudi 21 Septembre 2017
Contrats courts et non-salariat ne sont pas des tendances en voie de généralisation. Certains métiers offrent la « permanence » quand d’autres sont devenus synonymes « d’intermittence » ou de « sous-traitance individuelle ». Statuts d’emploi et métiers sont liés.
Salarié ou indépendant : une question de métiers ?

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À chacun son métier et donc son statut d’emploi. Telle pourrait être la conclusion de cette note d’analyse de Cécile Jolly et Jean Flamand. Depuis trente ans, le non-salariat et les usages du contrat à durée limitée (CDD et intérim) s’étendent… à certains métiers plus qu’à d’autres, observent les auteurs. Une variabilité qui dessine une nouvelle cartographie des métiers où « permanents » et « indépendants traditionnels » côtoient « intermittents », « free lances » et « néo-artisans ».

Free lances et néo-artisans

Il était agriculteur ou patron de restaurant il y a trente ans. Aujourd’hui, il est graphiste, formateur ou électricien. Le visage de l’indépendant a changé.

Recul des petits commerces, déclin du nombre des agriculteurs et des médecins libéraux… en trente ans, la part des « indépendants traditionnels », dont beaucoup ont été absorbés par le salariat, a régressé pour s’établir à 13 % de l’emploi total. Une tendance contrebalancée, depuis dix ans, par une augmentation des « free lances et aux néo-artisans » – catégorie de métiers pour lesquels l’indépendance statutaire est supérieure à la moyenne (27 % contre 11 %) et surtout en forte progression (+ 4 % par an entre 2005 et 2014 contre + 0,7 % pour l’ensemble des non-salariés). Poussé – bien avant l’émergence des Uber et Deliveroo – par la montée des services et l’externalisation, le mouvement s’amplifie avec la création du statut de microentrepreneur en 2009. Artisans de la construction, professions paramédicales, personnels d’études et de recherche, professionnels de la communication et de l’information… ils représentent aujourd’hui 12 % de l’emploi total, estiment Cécile Jolly et Jean Flamand. Parmi eux, ceux qui sont indépendants, travaillent six fois sur dix en solo, pour certains « dans une forme de fausse sous-traitance à la lisière de la subordination du salariat ».

Permanents et intermittents

Le non-salariat est loin de se généraliser pour autant. « Dans plus d’un métier sur deux, les actifs en emploi sont tous salariés », rappellent les auteurs. Un salariat pour le moins hétérogène. D’un côté : « les permanents » – 47 % de l’emploi total. Neuf fois sur dix en CDI, quel que soit leur niveau de qualification, « les permanents » travaillent dans la fonction publique, la banque, l’assurance, l’ingénierie informatique, ou encore, plus récemment, la petite enfance, un secteur qui a bénéficié d’une législation encourageant la formalisation des emplois.

De l’autre côté : « les intermittents » – 28 % de l’emploi total –, une catégorie de métiers au sein desquels les contrats à durée limitée occupent une part très supérieure à la moyenne (22 % contre 12 %). CDD « classiques », contrats saisonniers, CDD à objet défini ou de mission pour les ingénieurs, intérim dans l’industrie et la construction, CDD dit d’usage (légal dans trente secteurs) dans les métiers de l’hôtellerie-restauration, de l’information et de la communication, du tourisme ou du transport... le recours aux contrats à durée limitée va aujourd’hui « très au-delà des métiers à forte saisonnalité et intermittence », soulignent Cécile Jolly et Jean Flamand. En témoignent les gestionnaires de paie, agents d’accueil ou opérateurs informatiques majoritairement en CDI il y a trente ans. Aujourd’hui « intermittents ».

80 %

des cadres sont en CDI

Les métiers ne sont donc pas tous égaux face à la diversification des statuts d’emploi. Mais la profession n’est visiblement pas le seul déterminant. Le niveau de qualification est aussi un marqueur. Si un ouvrier peu qualifié sur trois est aujourd’hui en contrat à durée limitée, 80 % des cadres sont, eux, en CDI. Enfin, le statut d’emploi n’est pas un indicateur suffisant. Une aide à domicile en CDI peut se trouver plus fragilisée, du fait de ses horaires de travail, qu’un indépendant bien installé.

« Une réalité complexe qui incite à réfléchir au périmètre de l’emploi dit stable », concluent Cécile Jolly et Jean Flamand.

Céline Mareuge, journaliste web

 

Chiffres clés de l'évolution des statuts de l'emploi

Infographie - NA 60 - Evolution des statuts d'emploi

Infographie - NA 60 - Evolution des statuts d'emploi, par jmroulle

 

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Auteurs

Jean Flamand
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Jean
Flamand
Travail, emploi, compétences
Cécile Jolly - Equipe
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Cécile
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Travail, emploi, compétences
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