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Les activités liées aux soins du corps : un secteur en croissance freiné par les difficultés de recrutement

Enjeux Ile-de-France n° 244

soins du corps soins du corps

L’attention accrue portée à notre apparence et notre bien-être a, ces dernières années, bénéficié aux activités liées aux soins du corps, qui sont multiples (coiffeurs, parfumeries, instituts de beauté, ongleries, salons de tatouage, etc.). Toutefois elles ne pèsent pas toutes le même poids dans l’économie régionale : les plus nombreux, coiffeurs et instituts de beauté, représentent ensemble 77 % des établissements du secteur et partagent plusieurs problématiques, dont d’importantes difficultés de recrutement et des craintes liées aux conséquences de l’inflation.


Le secteur des soins du corps (cf. Méthodologie) compte 15 427 établissements en Ile-de-France ; ce sont les coiffeurs et/ou barbiers qui sont les plus nombreux : 8 635 au total, soit 57 % du secteur. Paris concentre 38 % des établissements du secteur, loin devant les Hauts-de-Seine, 10 %.

soins du corps

 

 

 

Des évolutions contrastées selon les activités

Depuis 2018, le nombre d’établissements du secteur des soins du corps a dans son ensemble augmenté de 4 % en Ile-de-France. Mais les différentes activités qui composent le secteur ont vu le nombre de leurs établissements croître de façon plus ou moins marquée. Seuls les centres de bronzage ont vu leur nombre diminuer (- 13).

La plus forte hausse est enregistrée par les ongleries, qui ont vu leur nombre croître de 39 % sur le segment spécifique des soins de manucurie-beauté des pieds et de prothèses ongulaires, très développés dans les pays anglo-saxons. Les salons de tatouage et/ou de piercing ont, de leur côté, profité d’un effet de mode qui a démocratisé ces pratiques et leur nombre a augmenté de 16 %. Les « Autres soins corporels » (spas, hammams,…) ont enregistré une hausse de 12 %. Le nombre d’établissements dans les autres activités n’a que très peu varié.

tableau soins du corps

Parfumeries : le règne des grandes enseignes

Le commerce de détail de parfums et produits de beauté en magasin spécialisé est dominé par de grandes enseignes qui disposent d’un large réseau de points de vente. C’est Marionnaud qui dispose du plus grand nombre de parfumeries sous sa marque dans la région (142 établissements) devant le doyen Yves Rocher, créé en 1959 (114), Sephora (82) et Nocibé (75). Une parfumerie sur trois implantée dans la région appartient à l’une de ces quatre enseignes.

Mais à côté de ces grands groupes cohabitent de petits détaillants : 37 % des parfumeries de la région ne comptent qu’un seul établissement et 58 % des établissements n’emploient

Moins de salariés, plus de micro-entrepreneurs

Depuis 2018, le nombre de parfumeries dans la région a augmenté de 4 % alors qu’au plan national la hausse a été de 14 %, sans doute car l’Ile-de-France était déjà mieux dotée que les autres régions. Sur la même période, les effectifs ont diminué de 6 % dans la région, et de 5 % au plan national. Les établissements n’employant aucun salarié ont vu leur part passer de 52 à 58 % dans le total régional.

Le commerce de détail des parfums et produits de beauté emploie aujourd’hui 9 379 salariés dans la région ; logiquement, au vu de l’implantation des points de vente, Paris représente 59 % des emplois, devant les Hauts-de-Seine (9 %) et la Seine-et-Marne (8 %).

Coiffeurs : une majorité d’indépendants

Les coiffeurs sont dans leur large majorité des artisans qui travaillent seuls ; sur 14 736 salons de coiffure dans la région, 56 % n’emploient aucun salarié. Mais il existe aussi de grandes enseignes nationales qui, en plus de leurs implantations en propre, proposent des franchises, permettant ainsi à la marque de mailler l’ensemble du territoire avec un nombre considérable de salons.

31 % des coiffeurs de la région sont situés à Paris, loin devant les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis (11 %). La densité d’établissements à Paris est élevée : 199 établissements pour 100 000 habitants, derrière les Alpes-Maritimes et le Var, mais si on ne tient compte que des salons de coiffure Paris compte la densité la plus élevée de France (164 salons pour 100 000 habitants). On ne retrouve pas cette forte densité dans les autres départements franciliens. Elle est particulièrement basse dans les Hauts-de-Seine (99) et atteint 115 établissements pour 100 000 habitants dans le Val-d’Oise.

L’essor de la coiffure à domicile

Les salons de coiffure emploient 19 260 salariés dans la région ; 31 % d’entre eux travaillent à Paris. L’Ile-de-France représente 7 % des effectifs salariés français. Depuis 2018, ces effectifs ont diminué de 2 % : en effet de plus en plus des salariés se tournent vers la coiffure à domicile, qu’ils exercent en indépendants

Au plan national, les activités de coiffure à domicile représentent 28 % du secteur en nombre d’établissements selon l’Union Nationale des Entreprises de Coiffure (UNEC). Depuis la création du statut d’auto-entrepreneur en 2009, puis de la micro-entreprise, les effectifs salariés de la coiffure ont baissé de 9 % : on observe en effet un transfert du salariat vers le micro-entreprenariat et la micro-entreprise progresse au détriment de l’entreprise individuelle. La coiffure est le secteur dont la part des micro-entrepreneurs économiquement actifs est la plus importante.

Les salons de coiffure rencontrent des difficultés pour recruter

La coiffure est une activité exigeante en main-d’œuvre : les frais de personnel représentent le principal poste de charges des salons ; mais les salaires sont peu élevés et progressent assez peu tout au long de la carrière d’un coiffeur, alors que le métier demande une disponibilité importante. C’est pourquoi le secteur de la coiffure connait un turn-over important des salariés et des difficultés de recrutement structurelles : l’enquête "Besoins en main d’œuvre" de Pôle Emploi dénombrait en avril 2023 pour les professions de coiffeur/se et d’esthéticien/ne 5 130 projets de recrutement, dont 82 % étaient jugés difficiles.

Les charges des salons s’alourdissent

Durant la crise sanitaire, les salons de coiffure ont dû fermer, comme les autres commerces jugés non essentiels. Mais les aides d’Etat déployées à cette occasion (fonds de solidarité, chômage partiel, prêt garanti par l’Etat,..) ont permis au tissu économique de se maintenir malgré l’arrêt de l’activité. Les salons de coiffure sont des commerces très consommateurs d’énergie, d’électricité en particulier (sèche-cheveux, lave-linge, sèche-linge, chauffage,…) ; la hausse des tarifs de l’énergie depuis fin 2021 a eu un impact sur la rentabilité des salons, même si le « bouclier tarifaire » mis en place par le gouvernement a permis de plafonner la hausse de l’électricité.
Aujourd’hui, l’inflation de ces derniers mois et la baisse du pouvoir d’achat commencent à avoir un impact sur la demande de la clientèle, qui tend à espacer ses visites.

Les instituts de beauté en forte croissance

La région Ile-de-France compte 3 027 instituts de beauté ; 36 % des instituts franciliens sont situés dans la capitale. Leur nombre dans la région a fortement augmenté depuis 2018 : + 174 % en trois ans. En revanche, les effectifs ont progressé plus faiblement : 8 742 salariés travaillent dans les instituts franciliens, en progression de 11 % par rapport à 2018 ; 74 % des instituts n’emploient aucun salarié : « Il s’agit d’un secteur où beaucoup de gérantes travaillent seules dans leur institut », indique Claire Merlin de la Confédération Nationale des Instituts de Beauté (CNAIB-SPA). Peu d’enseignes sont présentes sur ce marché d’indépendants.

Des micro-entreprises et des difficultés de recrutement

Comme les coiffeurs, les instituts de beauté connaissent eux aussi d’importantes difficultés de recrutement, qui ont un impact direct sur l’activité des instituts.

La création du statut de l’auto-entrepreneur, devenu micro-entreprise, a permis à de nombreux professionnels de créer leur activité pour des services esthétiques à domicile, le secteur présentant peu de barrières à l’entrée. Les plateformes de mise en relation en ligne entre clients et professionnels de la beauté indépendants (Wecasa, Pop my day, Simone,…) ou instituts (Planity, Kiute, Treatwell,…) prennent d’ailleurs une importance croissante dans l’activité du secteur. Comme les coiffeurs, les professionnels des instituts voient leurs clients effectuer des arbitrages budgétaires en raison de l’inflation.

Méthodologie :

Le secteur des Soins du corps étudié ici comprend les activités suivantes :

  • Coiffeur - Barbier
  • Institut de beauté - Activités thermales et thalasso
  • Onglerie
  • Solaire / UV
  • Parfumerie - Produits de beauté
  • Tatouage – Piercing
  • Autres soins corporels (saunas, centres de relaxation,…)
15427.00
c'est le nombre d'établissements du secteur des soins du corps en Ile-de-France
8635.00
c'est le nombre de coiffeurs et barbiers en Ile-de-France

39.00
c'est l'augmentation du nombre d'ongleries en Ile-de-France depuis 2018

Auteur : Bénédicte Gualbert

Juin 2023

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