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Insee Flash Hauts-de-France · Septembre 2021 · n° 127
Insee Flash Hauts-de-FranceUn repli de la construction de part et d’autre de la frontière

Laure Crusson, Pascale Hennebert, Mathieu Lecomte (Insee)

60 000 salariés travaillent dans le secteur de la construction dans l’espace frontalier en 2015. Ce secteur est légèrement plus représenté en Flandre-Occidentale. Les établissements employant moins de cinq salariés sont nombreux, notamment du côté belge, et la construction de bâtiments est l’activité la plus représentée. Entre 2010 et 2015, l’emploi dans le secteur a diminué partout, mais de manière plus limitée en Flandre‑Occidentale.

Insee Flash Hauts-de-France
No 127
Paru le :Paru le30/09/2021

La construction davantage présente en Flandre-Occidentale

Dans le cadre du projet Interreg « Compétences sans frontières », trois secteurs stratégiques pour l’emploi transfrontalier ont été identifiés en raison notamment des difficultés de recrutement en Flandre-Occidentale. Le secteur de la construction est l’un d’entre eux (encadré).

En 2015, 60 000 personnes travaillent dans le secteur de la construction dans l’. Cela représente 6 % de l’ensemble des salariés des zones frontalières situées en Flandre-Occidentale (environ 10 000 personnes) et 5 % dans le Nord (41 000) et le Hainaut (9 000).

Des différences existent d’un territoire à l’autre. Ainsi, le poids de la construction dans l’emploi salarié est important dans la zone d’emploi de Flandre-Lys (8 %) et les arrondissements belges de Thuin et Ath (7 %). En revanche, la construction est le plus faiblement représentée sur les territoires de Lille et Furnes (4 %) et Mons (3 %) (figure 1).

Figure 1Présence du secteur de la construction à la frontière belge

(%)
Présence du secteur de la construction à la frontière belge ((%)) - Lecture : la construction représente 4,2 % des emplois salariés de la zone d’emploi de Lille.
Zone d’emploi Part du secteur de la construction dans l’emploi salarié en 2015
Roubaix - Tourcoing 5,2
Lille 4,2
Dunkerque 5,6
La Flandre - Lys 8,4
Douai 5,2
Valenciennes 4,4
Maubeuge 4,5
Ath 7,2
Mons 3,3
Mouscron 4,7
Thuin 7,2
Tournai 4,5
Ypres 6,4
Courtrai 6,4
Furnes 4,1
  • Lecture : la construction représente 4,2 % des emplois salariés de la zone d’emploi de Lille.
  • Sources : ONSS et RSZPPO ; Insee, CLAP 2015.

Figure 1Présence du secteur de la construction à la frontière belge

  • Lecture : la construction représente 4,2 % des emplois salariés de la zone d’emploi de Lille.
  • Sources : ONSS et RSZPPO ; Insee, CLAP 2015.

Davantage d’établissements de petite taille côté belge

Le secteur de la construction s’appuie sur un tissu de 7 500 établissements employeurs situés de part et d’ autre de la frontière. Ces établissements sont en grande majorité de petite taille : 57 % comptent moins de 5 salariés côté français, une proportion qui monte à 68 % côté belge.

À l’opposé, les établissements de 10 à 49 salariés sont davantage représentés sur le versant français (20 %) que côté belge (13 %) (figure 2).

Les établissements de 50 salariés et plus sont légèrement plus représentés sur les territoires frontaliers du Nord (3 %). Ils regroupent 31 % des salariés du secteur, contre 28 % sur les arrondissements frontaliers de Flandre-Occidentale et 18 % pour ceux du Hainaut.

Figure 2Répartition par taille des établissements de la construction dans les zones frontalières

(en %)
Répartition par taille des établissements de la construction dans les zones frontalières ((en %))
De 1 à 4 salariés De 5 à 9 salariés De 10 à 49 salariés 50 salariés et plus
Département du Nord 57 21 19 3
Province du Hainaut 69 18 12 1
Province de Flandre-Occidentale 67 17 14 2
  • Sources : ONSS et RSZPPO ; Insee, CLAP 2015.

Figure 2Répartition par taille des établissements de la construction dans les zones frontalières

  • Sources : ONSS et RSZPPO ; Insee, CLAP 2015.

Une moindre diminution de l’emploi en Flandre-Occidentale

Entre 2010 et 2015, les effectifs salariés dans la construction ont baissé de 10 % (soit 6 700 emplois perdus) dans l’espace frontalier franco-belge. Ce repli est toutefois moins marqué dans les zones situées en Flandre-Occidentale (– 3 %) que dans celles du Hainaut (– 12 %) et du Nord (– 11 %). Malgré la baisse de l’emploi salarié, les postes vacants dans la construction restent nombreux, notamment dans les zones frontalières de Flandre-Occidentale (environ 2 000 postes).

À un niveau plus local, les effectifs augmentent légèrement dans les arrondissements belges de Furnes et de Mouscron (respectivement + 2 % et + 1 %). Côté français, la zone d’emploi de Flandres-Lys est celle qui résiste le mieux (– 3 %). Les plus fortes baisses d’emploi s’observent dans la zone d’emploi de Maubeuge (– 22 % de salariés) et les arrondissements de Mons (– 19 %) et Thuin (– 17 %).

La construction de bâtiments bien représentée sur le territoire

À l’échelle de l’, la construction de bâtiments résidentiels ou non prédomine avec la présence notamment de l’établissement VALCKE PREFAB BETON NV implanté à Ypres. Cette activité occupe 11 700 salariés, soit 32 % des effectifs de la construction dans le Hainaut et 27 % en Flandre-Occidentale. La menuiserie conserve une place importante en Flandre-Occidentale, où elle emploie 18 % des salariés de la construction.

Dans le département du Nord, 16 % des salariés de la construction travaillent dans la construction de bâtiments (6 800 personnes), soit la même proportion que les travaux d’installation électrique. Une partie de ces salariés dépend des deux plus grands établissements employeurs du secteur, BOUYGUES BÂTIMENT Nord-Est implanté à Villeneuve d’Ascq et SOGEA CARONI à Roubaix.

Entre 2010 et 2015, le repli de l’emploi dans la construction de bâtiments traduit les difficultés rencontrées par le secteur. Dans la province du Hainaut, 2 500 emplois ont été perdus dans la construction, soit un recul de 31 % des effectifs salariés. L’emploi a aussi fortement diminué dans les autres travaux de construction spécialisés (– 1 800 salariés).

Au cours de la période, le nombre de salariés augmente toutefois dans l’activité « autres travaux d’installation ». 400 emplois ont été ainsi gagnés dans le Nord et 160 dans chacune des deux provinces belges, majoritairement dans les travaux d’isolation.

Les travaux d’installation électrique ont également créé de l’emploi, mais uniquement du côté des arrondissements belges du Hainaut (+ 190) et de Flandre Occidentale (+ 260). Dans cette province, 180 emplois ont été aussi créés dans les travaux de plomberie-chauffage-conditionnement.

Encadré - « Compétences sans frontières »

L’espace frontalier franco-belge dessine un marché de travail contrasté. En Flandre-Occidentale, le chômage est faible (4 %) tandis que la population active plus vieillissante fait apparaître des besoins de main d’œuvre plus marqués. À l’opposé, de part et d’autre de la frontière dans le Nord et le Hainaut, plus d’un actif sur dix est au chômage et la population active y est plus jeune. Ce contraste ne s’accompagne pas pour autant par un développement du nombre de travailleurs transfrontaliers. Ce dernier reste ainsi stable au cours de la période récente.

Face à ce constat, le projet européen « Compétences sans frontières » a pour objectif d’améliorer l’adéquation entre l’offre et la demande d’emplois de part et d’autre de la frontière. Son action se concentre sur trois secteurs jugés à enjeux en raison du nombre de postes vacants et de leurs poids économique : l’industrie agroalimentaire, celle du textile et la construction. Le volet statistique du projet décrit ces trois secteurs pour alimenter des politiques ciblées.

Publication rédigée par :Laure Crusson, Pascale Hennebert, Mathieu Lecomte (Insee)

Définitions

Espace frontalier franco-belge : l’étude se concentre ici sur les zones d’emploi françaises du département du Nord et les arrondissements belges des provinces de Flandre-Occidentale et du Hainaut jouxtant la frontière franco-belge (figure 1). Seule la dernière partie consacrée à l’analyse des secteurs d’activités est réalisée sur un niveau géographique agrégé, ensemble du département du Nord coté français, et des provinces de Flandre-Occidentale et du Hainaut côté belge.

Secteur de la construction : il s’agit dans cette étude des divisions 41.20 et 43 de la nomenclature NAF rév. 2 : « Construction de bâtiments résidentiels et non résidentiels » et « Travaux de construction spécialisés ».

Au sein de ce secteur, l’activité « autres travaux d’installation » comprend les travaux d’installation ne concernant pas l’électricité, le chauffage, la plomberie et le conditionnement de l’air. L’isolation par exemple fait partie de cette activité.

Pour en savoir plus

Rapport interregional : « Compétences sans frontières » sur le secteur de la construction, à paraître

« Une baisse des actifs plus marquée en Belgique d’ici 2030 », Insee Analyses Hauts-de-France n° 108, février 2020

« En 2016, 127 500 personnes travaillent dans le secteur de la construction dans la région Hauts-de-France », Insee Flash Hauts-de-France n° 106, septembre 2020