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Insee Première · Septembre 2021 · n° 1873
Insee PremièreLe chiffre d’affaires des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 croissait continûment avant la crise sanitaire

Sylvain Juliachs (Insee)

Cinq ans après leur immatriculation au premier semestre 2014, un tiers des auto-entrepreneurs ayant démarré leur activité sont toujours actifs. Pour la même génération, la proportion d’entrepreneurs individuels classiques pérennes à cinq ans est beaucoup plus élevée (53 %).

La part d’auto-entrepreneurs actifs cinq ans après leur immatriculation dépend fortement du secteur d’activité. Elle est la plus élevée dans la santé humaine et l’action sociale (45 %) et dans l’enseignement (31 %). Elle est plus faible dans le commerce (17 %).

La pérennité de l’entreprise croît avec l’âge de l’auto-entrepreneur et avec les moyens financiers au démarrage.

En 2019, le chiffre d’affaires moyen des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 s’élevait à 15 800 euros. Avec la crise sanitaire, il a chuté conformément à l’ensemble de l’activité économique de 30 % au deuxième trimestre 2020 par rapport au même trimestre de l’année précédente. Le transport, les arts et spectacles et l’hébergement-restauration ont été davantage touchés, tout comme les entrepreneurs les plus âgés. L’activité a rebondi au troisième trimestre, plus fortement en dehors de l’Île-de-France.

Les auto-entrepreneurs sont moins pérennes que les entreprises individuelles classiques

En 2014, 551 000 entreprises ont été créées en France, dont 283 500 sous le (requalifié en micro-entrepreneur fin 2014). Ce régime représentait alors 51 % des créations d’entreprises de l’année. Relativement stable jusqu’en 2017, cette proportion augmente régulièrement depuis, jusqu’à atteindre 65 % en 2020.

Sur 100 auto-entrepreneurs immatriculés au premier semestre 2014, 66 ont effectivement en déclarant au moins un chiffre d'affaires lors de leurs huit premiers trimestres d’exercice (figure 1). Parmi eux, 22 sont encore sous le même régime. Ainsi, 33 % des auto-entrepreneurs ayant démarré leur activité sont . Ces taux de démarrage, d’activité et de pérennité à cinq ans sont similaires à ceux de la génération d’auto-entrepreneurs qui avaient créé leur entreprise au premier semestre 2010 (respectivement 62 %, 22 % et 35 %). En comparaison, pour les entreprises individuelles créées en 2014 hors régime de l'auto-entrepreneur, la pérennité à cinq ans s’élève à 53 %.

Figure 1 – Taux d’actifs et de pérennité des entrepreneurs immatriculés en 2014 selon leur secteur d’activité

en %
Figure 1 – Taux d’actifs et de pérennité des entrepreneurs immatriculés en 2014 selon leur secteur d’activité (en %) - Lecture : 46 % des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 dans le transport et l’entreposage ont démarré leur activité. Parmi eux, 22 % de ceux ayant démarré en activité de complément sont pérennes 5 ans après.
Auto-entrepreneurs Taux de pérennité à 5 ans des entrepreneurs individuels classiques
Répartition à l’immatriculation Taux de démarrage Proportion d’actifs 5 ans après Taux de pérennité à 5 ans
(en % des auto-entrepreneurs
ayant démarré)
Activité principale Activité de complément Ensemble
Industrie 6 74 27 40 33 36 51
Construction 13 65 21 34 26 31 50
Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles 20 55 17 33 27 30 39
Transports et entreposage 2 46 9 17 22 19 65
Hébergement et restauration 3 63 20 33 28 31 43
Information et communication 6 67 18 32 24 27 41
Activités financières et d'assurance 1 59 15 26 22 25 56
Activités immobilières 1 55 14 26 21 25 33
Activités spécialisées, scientifiques et techniques 18 72 20 31 27 28 56
Activités de services administratifs et de soutien 7 63 20 34 31 32 50
Enseignement 6 79 31 44 36 39 55
Santé humaine et action sociale 4 84 45 57 51 54 76
Arts, spectacles et activités récréatives 4 71 25 37 35 35 56
Autres activités de services 9 69 26 42 33 38 52
Ensemble 100 66 22 36 30 33 53
  • Lecture : 46 % des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 dans le transport et l’entreposage ont démarré leur activité. Parmi eux, 22 % de ceux ayant démarré en activité de complément sont pérennes 5 ans après.
  • Champ : France, entreprises des secteurs marchands non agricoles immatriculées au premier semestre 2014.
  • Source : Insee, enquêtes Sine et Auto-entrepreneurs 2014 (interrogations 2014 et 2019), base non-salariés.

Les auto-entrepreneurs dans la santé humaine et l’action sociale sont les plus pérennes

La pérennité à cinq ans des auto-entrepreneurs dépend fortement du secteur d’activité. Comme pour la génération 2010, la proportion d’auto-entrepreneurs actifs après cinq ans est la plus élevée dans le secteur de la santé humaine et de l’action sociale (45 %) et dans l’enseignement (31 %), en partie du fait de taux de démarrage très élevés (84 % et 79 %). Dans le premier secteur, les auto-entrepreneurs exercent souvent des professions de santé non réglementées, telles que psychothérapeutes, psychologues, sophrologues, acupuncteurs et homéopathes. Dans le second, il s’agit de l’enseignement de disciplines sportives et d’activités de loisirs (moniteurs et coachs sportifs), d’enseignement culturel (professeurs de musique, théâtre, beaux-arts ou photographie) ou d’autres enseignements (soutien scolaire, cours de langues ou d’informatique). Pour les entrepreneurs individuels classiques, le taux de pérennité à cinq ans est également le plus élevé dans la santé humaine et l’action sociale (76 %). Il s’agit en revanche majoritairement de professions médicales ou paramédicales réglementées.

Les écarts de pérennité suivant les secteurs sont confirmés par une analyse « toutes choses égales par ailleurs » qui permet de mesurer l'effet spécifique de chaque facteur de pérennité d’une entreprise ayant démarré une activité (figure 2).

Figure 2 – Principaux déterminants de la pérennité des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014

Figure 2 – Principaux déterminants de la pérennité des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 - Lecture : toutes choses mesurables étant égales par ailleurs, les auto-entrepreneurs de l’enseignement immatriculés en 2014 ont une probabilité d'être pérennes à cinq ans relativement à celle de ne pas l’être 1,6 fois plus élevée que les auto-entrepreneurs du commerce (secteur de référence).
Rapport des cotes Rapport des cotes
Secteur d'activité Activité d'auto-entrepreneur et métier principal identiques
Industrie 1,4 Oui Réf.
Construction 1,1 Non 0,8
Commerce Réf.
Transports et entreposage 0,6 Aire urbaine de la commune d’implantation
Hébergement et restauration ns Commune hors attraction des villes 1,3
Information et communication 1,1 Aire de moins de 50 000 habitants 1,3
Activités financières, d'assurance et immobilières 0,7 Aire de 50 000 à moins de 200 000 habitants ns
Activités spécialisées, scientifiques et techniques ns Aire de 200 000 à moins de 700 000 habitants ns
Activités de services administratifs et de soutien 1,2 Aire de 700 000 habitants ou plus (hors Paris) 1,1
Enseignement 1,6 Aire de Paris Réf.
Santé humaine et action sociale 2,5
Arts, spectacles, activités récréatives 1,5 Situation familiale
Autres activités de services aux ménages 1,4 Personne seule 0,9
En couple Réf.
Statut antérieur à la création
Indépendant, à votre compte, chef d'entreprise salarié ou PDG 1,2 Sexe
Agent de la fonction publique ns Femme ns
Salarié du secteur privé Réf. Homme Réf.
Au chômage depuis moins d'un an 0,9
Au chômage depuis un an ou plus ns Niveau de diplôme le plus élevé
Étudiant ou scolaire ns Sans diplôme qualifiant ns
Sans activité professionnelle ou retraité 1,2 CAP, brevet de compagnon, BEP ns
Intérimaire, en CDD, intermittent du spectacle ns Baccalauréat Réf.
Diplôme de 1er cycle 1,1
Âge à l'immatriculation Diplôme de 2e cycle 1,1
Moins de 30 ans Réf. Diplôme de 3e cycle 1,1
Entre 30 et 39 ans 1,3
Entre 40 et 49 ans 1,7 Conseils et appuis
50 ans ou plus 1,9 Projet monté avec appui 1,2
Projet monté seul Réf.
Importance de l'activité au démarrage
Activité principale Réf. Formation particulière pour réaliser le projet
Activité de complément 0,9 Oui 1,1
Non Réf.
Temporalité de l’activité
Permanente Réf. Clientèle prépondérante dans le chiffre d'affaires
Saisonnière ou ponctuelle 0,8 Des particuliers Réf.
Votre ancien employeur 0,7
Investissement au démarrage en euros Administrations, organismes publics ou parapublics, entreprises, CE 1,1
Aucun Réf.
Moins de 500 1,1 Nombre de clients importants pour le chiffre d'affaires
De 500 à moins de 1 000 1,1 Un client 0,9
De 1 000 à moins de 2 000 1,2 2 à 10 clients Réf.
De 2 000 à moins de 4 000 1,3 Un plus grand nombre 1,0
4 000 ou plus ns Un grand nombre, mais avec quelques clients importants ns
Perception d'une prestation ou indemnité à l'immatriculation (RSA, ASS, etc.) Origine principale de la clientèle
Oui 0,9 Locale ou régionale Réf.
Non Réf. Nationale ns
Internationale 1,1
Bénéfice d'un dispositif d'aide (Accre, Arce, etc.)
Oui 1,1 Exécution de travaux de sous-traitance
Non Réf. Oui 0,8
Non Réf.
  • ns : non significatif au seuil de 5 %.
  • Réf. : modalité de référence.
  • Note : les variables les moins significatives du modèle n'apparaissent pas dans le tableau pour faciliter la lecture.
  • Lecture : toutes choses mesurables étant égales par ailleurs, les auto-entrepreneurs de l’enseignement immatriculés en 2014 ont une probabilité d'être pérennes à cinq ans relativement à celle de ne pas l’être 1,6 fois plus élevée que les auto-entrepreneurs du commerce (secteur de référence).
  • Champ : France, auto-entrepreneurs des secteurs marchands non agricoles immatriculés au premier semestre 2014 ayant démarré leur activité.
  • Source : Insee, enquête Auto-entrepreneurs 2014 (interrogations 2014 et 2019), base non-salariés.

Une pérennité plus faible dans le commerce et les activités spécialisées

Le commerce concentre la plus grande part des immatriculations d’auto-entrepreneurs (20 %) en 2014. Ils exercent le plus souvent une activité de commerce de détail sur éventaires et marchés (alimentaire, textile, etc.) ou de commerce et réparation d’automobiles. Seuls 17 % d’entre eux sont actifs au bout de cinq ans, en partie du fait d’un faible taux de démarrage (55 %). Pour les entrepreneurs individuels classiques, le taux de pérennité à cinq ans est également l’un des plus faibles dans le commerce (39 %). Par rapport aux auto-entrepreneurs, ils exercent plus fréquemment des activités d’intermédiaires du commerce en produits divers.

Le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques, qui regroupe notamment le conseil pour les affaires et autres conseils de gestion ainsi que les activités de design et de photographies, représente 18 % des créations d’auto-entrepreneurs. Leur taux de démarrage y est élevé (72 %), mais seuls 28 % sont pérennes à cinq ans, soit un taux d’actif de 20 % après cinq ans, inférieur à la moyenne. Pour les entrepreneurs individuels classiques, le taux de pérennité à cinq ans est en revanche supérieur à la moyenne dans les activités spécialisées (56 %). Près de la moitié des créateurs y exercent des professions juridiques et comptables.

La pérennité de l’entreprise croît avec l’âge de l’auto-entrepreneur

La proportion d’entreprises pérennes cinq ans après leur création augmente aussi avec l’âge de l’auto‑entrepreneur : 29 % des auto-entrepreneurs âgés de 50 ans ou plus lors de l'immatriculation de leur entreprise sont encore actifs cinq ans après, contre 16 % de ceux qui avaient moins de 30 ans. 45 % de ces auto-entrepreneurs de 50 ans ou plus étaient retraités ou au chômage avant de créer leur entreprise et 45 % n’ont pas le baccalauréat.

Cet écart n’est pas dû à une plus forte représentation des créateurs plus âgés dans les secteurs les plus pérennes. Près d'un quart des créateurs dans le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques étaient âgés de 50 ans ou plus comme dans la santé humaine et l'action sociale. Pourtant, la proportion d'auto-entrepreneurs actifs cinq ans après la création varie du simple au double en faveur du deuxième secteur. En revanche, il n’y a pas d’effet âge pour les entreprises classiques.

Les femmes auto-entrepreneuses sont majoritaires dans les secteurs les plus pérennes

37 % des créateurs immatriculés et 40 % des créateurs ayant démarré leur activité sont des créatrices. Une auto-entreprise sur quatre créée par une femme est active économiquement cinq ans après son immatriculation, contre une sur cinq lorsque le créateur est un homme. Cela s'explique par un meilleur taux de démarrage effectif des femmes (72 % contre 62 %) et une spécialisation sectorielle dans les secteurs les plus propices à la pérennité : les femmes représentent 78 % des auto-entrepreneurs dans la santé humaine et l'action sociale où la pérennité est la plus élevée, contre seulement 6 % dans le transport et l’entreposage où la pérennité est la plus faible. En revanche, à caractéristiques identiques, la pérennité est semblable que l’entreprise ait été créée par une femme ou par un homme. Elle est cependant plus forte, pour les hommes comme pour les femmes, en cas de vie en couple.

Après une année d’activité, l’investissement à la création a moins d’impact sur la pérennité

L’investissement initial à la création favorise la pérennité à cinq ans. En effet, 25 % des auto‑entrepreneurs ayant investi à la création de leur entreprise sont encore actifs cinq ans après, contre 19 % de ceux n'ayant rien investi. Cet écart s’explique partiellement par un taux de démarrage plus faible pour les auto-entrepreneurs créant leur entreprise sans investissement (62 % contre 71 % pour les autres) (figure 3). Ils sont aussi moins nombreux à atteindre le premier anniversaire (72 % contre 78 % de ceux ayant investi) car ils ont rencontré des difficultés plus grandes. En revanche, passé la première année, l’investissement à la création n’est plus un critère déterminant de la pérennité de l’entreprise.

Figure 3 – Taux de démarrage et de pérennité d’une année à l’autre selon les moyens investis à la création

en %
Figure 3 – Taux de démarrage et de pérennité d’une année à l’autre selon les moyens investis à la création (en %) - Lecture : parmi les auto-entrepreneurs encore actifs 4 ans après leur immatriculation, 84 % de ceux ayant créé leur activité en investissant 4 000 euros ou plus sont toujours pérennes un an après.
Moyens investis à la création (en euros) Aucun investissement Plus de 0 et moins de 4 000 4 000 ou plus Ensemble
Répartition parmi les immatriculés 49,9 37,7 12,4 100,0
Taux de démarrage 62,5 70,5 70,9 66,5
Taux de pérennité à 1 an d'existence pour les démarrés 71,8 77,6 79,2 75,1
Taux de pérennité à 2 ans pour les entreprises pérennes l’année précédente 76,1 76,8 76,2 76,4
Taux de pérennité à 3 ans pour les entreprises pérennes l’année précédente 79,4 81,7 80,6 80,5
Taux de pérennité à 4 ans pour les entreprises pérennes l’année précédente 82,8 84,8 83,2 83,7
Taux de pérennité à 5 ans pour les entreprises pérennes l’année précédente 86,4 86,8 84,0 86,2
  • Note : les auto-entrepreneurs des DOM ne sont pas entièrement couverts par la base non-salariés pendant leurs deux premières années d’existence et ont été exclus du champ.
  • Lecture : parmi les auto-entrepreneurs encore actifs 4 ans après leur immatriculation, 84 % de ceux ayant créé leur activité en investissant 4 000 euros ou plus sont toujours pérennes un an après.
  • Champ : France métropolitaine, auto-entrepreneurs des secteurs marchands non agricoles immatriculés au premier semestre 2014.
  • Source : Insee, enquête Auto-entrepreneurs 2014 (interrogations 2014 et 2019), base non-salariés.

Figure 3 – Taux de démarrage et de pérennité d’une année à l’autre selon les moyens investis à la création

  • Note : les auto-entrepreneurs des DOM ne sont pas entièrement couverts par la base non-salariés pendant leurs deux premières années d’existence et ont été exclus du champ.
  • Lecture : parmi les auto-entrepreneurs encore actifs 4 ans après leur immatriculation, 84 % de ceux ayant créé leur activité en investissant 4 000 euros ou plus sont toujours pérennes un an après.
  • Champ : France métropolitaine, auto-entrepreneurs des secteurs marchands non agricoles immatriculés au premier semestre 2014.
  • Source : Insee, enquête Auto-entrepreneurs 2014 (interrogations 2014 et 2019), base non-salariés.

La crise sanitaire met en pause la croissance du chiffre d’affaires

Les auto-entrepreneurs immatriculés en France métropolitaine en 2014 actifs six ans après déclarent en moyenne un chiffre d’affaires annuel de 15 800 euros en 2019 (figure 4). C’est beaucoup plus que la génération de 2010 (11 200 euros déclarés pour l’année 2015 par les auto-entrepreneurs encore actifs en 2016). Entre la génération 2010 et la génération 2014, la part d’auto-entrepreneurs ne disposant d’aucun autre revenu cinq ans après la création est passée de 12 % à 35 %.

Le chiffre d’affaires moyen des auto-entrepreneurs de la génération 2010 s’est stabilisé à partir de leur troisième année d’activité tandis que celui de la génération 2014 a continué à croître. En revanche, avec la crise sanitaire de 2020, leur chiffre d’affaires chute de 12 % au premier trimestre 2020 par rapport au premier trimestre 2019. La baisse est plus marquée encore au deuxième trimestre 2020 (− 30 % en moyenne par rapport au même trimestre de l’année précédente), avant de rebondir au troisième trimestre tout en restant inférieur au niveau de 2019 (– 6 %). Cette tendance s’observe aussi sur l’ensemble des entreprises françaises des secteurs du commerce et des services avec des baisses respectives de leur indice de chiffre d’affaires de 16 % et 21 %. Si les tendances d’évolution observées entre 2016 et 2019 sur la génération 2014 s’étaient poursuivies, le chiffre d’affaires moyen estimé sur les trois premiers trimestres de 2020 aurait atteint 12 700 euros (+ 8 % par rapport à 2019), alors qu’il s’élève à 9 800 euros avec la crise (– 16 %).

Figure 4 – Chiffre d’affaires trimestriel moyen des auto-entrepreneurs immatriculés en 2010 et en 2014

en euros
Figure 4 – Chiffre d’affaires trimestriel moyen des auto-entrepreneurs immatriculés en 2010 et en 2014 (en euros) - Lecture : les auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 en France métropolitaine actifs au dernier trimestre 2019 et en 2020 ont déclaré un chiffre d’affaires moyen de 2 950 euros au troisième trimestre 2016.
Cohorte 2010 Cohorte 2014 Simulation cohorte 2014
sans la crise sanitaire
1re année d’existence
T1 688 565
T2 1 741 1 805
T3 2 174 2 211
T4 2 384 2 470
2e année d’existence
T1 2 365 2 384
T2 2 721 2 792
T3 2 606 2 748
T4 2 764 2 927
3e année d’existence
T1 2 591 2 822
T2 2 942 3 119
T3 2 697 2 953
T4 2857 3245
4e année d’existence
T1 2 615 3 099
T2 2 902 3 401
T3 2 697 3 264
T4 2 771 3 392
5e année d’existence
T1 2 625 3 426
T2 2 920 3 771
T3 2 730 3 554
T4 2 788 3 893
6e année d’existence
T1 2 686 3 693
T2 2 880 4 082
T3 2 770 3 948
T4 2 903 4 124 4 123
7e année d’existence
T1 2 728 3 248 4 063
T2 2 996 2 862 4 415
T3 2 731 3 695 4 210
T4 2 856 3 587
  • Notes :
  • - les prévisions de la cohorte 2014 pour les trois premiers trimestres 2020 ont été obtenues avec un modèle statistique estimé sur les chiffres d’affaires trimestriels de 2016 à 2019 et qui s’ajustait aux données réelles avec un taux d’erreur moyen inférieur à 1 % ;
  • - le chiffre d’affaires moyen du dernier trimestre 2020 est provisoire et sous-estimé ;
  • - les auto-entrepreneurs des DOM ne sont pas entièrement couverts par la base non-salariés pendant leurs deux premières années d’existence et ont été exclus du champ.
  • Lecture : les auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 en France métropolitaine actifs au dernier trimestre 2019 et en 2020 ont déclaré un chiffre d’affaires moyen de 2 950 euros au troisième trimestre 2016.
  • Champ : France métropolitaine, auto-entrepreneurs des secteurs marchands non agricoles immatriculés au premier semestre 2010 ou 2014, encore actifs au dernier trimestre 2015 (respectivement 2019) et ayant eu une activité économique en 2016 (respectivement 2020).
  • Source : Insee, enquête Auto-entrepreneurs 2010 (interrogations 2010 et 2015) et Auto-entrepreneurs 2014 (interrogations 2014 et 2019), base non-salariés.

Figure 4 – Chiffre d’affaires trimestriel moyen des auto-entrepreneurs immatriculés en 2010 et en 2014

  • Notes :
  • - les prévisions de la cohorte 2014 pour les trois premiers trimestres 2020 ont été obtenues avec un modèle statistique estimé sur les chiffres d’affaires trimestriels de 2016 à 2019 et qui s’ajustait aux données réelles avec un taux d’erreur moyen inférieur à 1 % ;
  • - le chiffre d’affaires moyen du dernier trimestre 2020 est provisoire et sous-estimé ;
  • - les auto-entrepreneurs des DOM ne sont pas entièrement couverts par la base non-salariés pendant leurs deux premières années d’existence et ont été exclus du champ.
  • Lecture : les auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 en France métropolitaine actifs au dernier trimestre 2019 et en 2020 ont déclaré un chiffre d’affaires moyen de 2 950 euros au troisième trimestre 2016.
  • Champ : France métropolitaine, auto-entrepreneurs des secteurs marchands non agricoles immatriculés au premier semestre 2010 ou 2014, encore actifs au dernier trimestre 2015 (respectivement 2019) et ayant eu une activité économique en 2016 (respectivement 2020).
  • Source : Insee, enquête Auto-entrepreneurs 2010 (interrogations 2010 et 2015) et Auto-entrepreneurs 2014 (interrogations 2014 et 2019), base non-salariés.

Les auto-entrepreneurs de l’industrie et du commerce ont été moins touchés par la crise

Les secteurs les plus affectés par la crise au deuxième trimestre 2020 sont le transport et l’entreposage (− 47 % de chiffre d’affaires par rapport au deuxième trimestre 2019), les arts, spectacles et activités récréatives (− 56 %) et l’hébergement et la restauration (− 62 %). À l’opposé, l’industrie et le commerce ont été moins touchés (environ − 20 %) et sont les seuls à avoir un chiffre d’affaires au troisième trimestre 2020 légèrement supérieur à celui du troisième trimestre 2019.

Le chiffre d’affaires du deuxième trimestre 2020 des auto-entrepreneurs dont c’est l’activité principale en 2019 a chuté de 32 %, contre 23 % pour ceux pour lesquels l’auto-entreprenariat est une activité complémentaire. Les premiers déclaraient des chiffres d’affaires beaucoup plus élevés avant la crise, de l’ordre de 5 000 euros par trimestre contre 2 000 euros pour les seconds. De plus, leur activité était globalement en hausse.

Bien que les auto-entrepreneurs plus âgés soient plus pérennes, leur chiffre d’affaires a été davantage touché par la crise. Le chiffre d’affaires des créateurs de 50 ans ou plus en 2014 a baissé en moyenne de 36 % au deuxième trimestre 2020, soit 6 points de plus que la baisse globale.

L’Île-de-France a été moins affectée mais la reprise y est plus modérée

Au deuxième trimestre 2020, l’impact de la crise a été moins fort sur les auto-entrepreneurs implantés en Île-de-France (− 22 % de chiffre d’affaires par rapport au deuxième trimestre 2019, contre − 32 % en moyenne sur les autres régions de métropole). En revanche, la reprise au troisième trimestre a été beaucoup plus faible en Île-de-France (– 11 % de chiffre d’affaires par rapport au troisième trimestre 2019, contre − 5 %) (figure 5).

Ce moindre rebond de l’activité en Île-de-France s’explique notamment par le secteur du commerce dont le chiffre d’affaires croît de 7 % au troisième trimestre 2020 par rapport au même trimestre de 2019 pour les auto-entrepreneurs non franciliens alors qu’il baisse en Île-de-France (– 26 %). De plus, les auto-entrepreneurs franciliens exercent plus souvent des activités affectées par la crise au-delà de la période du premier confinement, comme les activités spécialisées, scientifiques et techniques (26 % du chiffre d’affaires total du trimestre).

Figure 5 – Chiffre d’affaires trimestriel moyen des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 selon l’implantation

en euros
Figure 5 – Chiffre d’affaires trimestriel moyen des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 selon l’implantation (en euros) - Lecture : les auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 et implantés en Île-de-France ont déclaré un chiffre d’affaires moyen de 3 160 euros au troisième trimestre 2017.
Île-de-France Autres régions métropolitaines
et DOM
2014
T1 718 528
T2 2 276 1 691
T3 2 318 2 184
T4 2 768 2 398
2015
T1 2 784 2 289
T2 3 059 2 728
T3 2 859 2 720
T4 3 339 2 829
2016
T1 3 333 2 701
T2 3 176 3 107
T3 2 854 2 977
T4 3 786 3 117
2017
T1 3 673 2 965
T2 3 807 3 304
T3 3 160 3 291
T4 3 680 3 322
2018
T1 3 809 3 337
T2 3 971 3 724
T3 3 438 3 579
T4 4 161 3 828
2019
T1 4 057 3 608
T2 4 137 4 068
T3 3 722 4 000
T4 4 600 4 007
2020
T1 3 550 3 176
T2 3 241 2 773
T3 3 298 3 791
  • Note :
  • - c’est l’implantation de l’auto-entrepreneur lors de la troisième interrogation (fin 2019-début 2020) qui est prise en compte ;
  • les auto-entrepreneurs des DOM ne sont pas entièrement couverts par la base non-salariés pendant leurs deux premières années d’existence et ont été exclus du champ.
  • Lecture : les auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 et implantés en Île-de-France ont déclaré un chiffre d’affaires moyen de 3 160 euros au troisième trimestre 2017.
  • Champ : France métropolitaine, auto-entrepreneurs des secteurs marchands non agricoles immatriculés au premier semestre 2014, encore actifs au dernier trimestre 2019 et ayant eu une activité économique en 2020.
  • Source : Insee, enquête Auto-entrepreneurs 2014 (interrogations 2014 et 2019), base non-salariés.

Figure 5 – Chiffre d’affaires trimestriel moyen des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 selon l’implantation

  • Note :
  • - c’est l’implantation de l’auto-entrepreneur lors de la troisième interrogation (fin 2019-début 2020) qui est prise en compte ;
  • - les auto-entrepreneurs des DOM ne sont pas entièrement couverts par la base non-salariés pendant leurs deux premières années d’existence et ont été exclus du champ.
  • Lecture : les auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 et implantés en Île-de-France ont déclaré un chiffre d’affaires moyen de 3 160 euros au troisième trimestre 2017.
  • Champ : France métropolitaine, auto-entrepreneurs des secteurs marchands non agricoles immatriculés au premier semestre 2014, encore actifs au dernier trimestre 2019 et ayant eu une activité économique en 2020.
  • Source : Insee, enquête Auto-entrepreneurs 2014 (interrogations 2014 et 2019), base non-salariés.

La crise a accentué les difficultés financières des auto-entrepreneurs fragiles

Les écarts de chiffre d’affaires entre les auto-entrepreneurs déclarant avoir souvent rencontré des problèmes de trésorerie entre 2017 et 2019 et les autres se sont accentués avec la crise.

Sur les trois premiers trimestres de l’année 2020, leur chiffre d’affaires moyen baisse de 20 % par rapport à 2019, contre 15 % pour les autres. Sur les trois premiers trimestres de 2019, ils déclaraient en moyenne 7 % de chiffre d’affaires en moins. Cet écart passe à 12 % sur les trois premiers trimestres de 2020.

Publication rédigée par :Sylvain Juliachs (Insee)

Sources

Le système d’information sur les nouvelles entreprises (Sine) - enquête auto-entrepreneurs permet d’observer une génération de nouvelles entreprises tous les quatre ans. L’échantillon utilisé est composé de 40 000 auto-entrepreneurs immatriculés au premier semestre 2014. Ils ont été enquêtés à trois reprises en 2014, 2017 et 2019. Seules les unités ayant été actives au moins un trimestre entre 2016 et 2018 ont été enquêtées pour la troisième vague. Le champ de l’enquête couvre 191 000 auto-entrepreneurs immatriculés au premier semestre 2014 dans les activités marchandes non agricoles. La nomenclature utilisée pour les enquêtes relatives à la génération 2014 est la NAF rév. 2 au niveau A21.

La base non-salariés est issue de deux sources administratives gérées par l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss) et par la caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (CCMSA). Elle fournit les chiffres d’affaires déclarés par les cotisants. Les millésimes de 2010 à 2020 ont été exploités pour l’étude des chiffres d’affaires des générations d’auto-entrepreneurs 2010 et 2014.

Méthodes

Les nombreux facteurs influant sur la pérennité des entrepreneurs ne sont pas indépendants les uns des autres. La régression logistique permet de mesurer l’effet spécifique de chaque facteur de pérennité, les autres facteurs étant inchangés (« toutes choses égales par ailleurs »). Les effets de chaque facteur sont présentés en écart par rapport à une situation de référence notée « Réf. ». L‘odds ratio est le rapport des cotes de pérennité de la sous-population d’intérêt sur la sous-population de référence. La cote c d’un événement est égale au rapport de sa probabilité p sur la probabilité de l’événement opposé : c = p / (1 - p). Plus l’odds ratio est supérieur à 1 (respectivement inférieur à 1), plus la probabilité d’atteindre le 5e anniversaire est forte (respectivement faible) par rapport à la situation de référence.

Définitions

Entré en vigueur au 1er janvier 2009, le régime de l’auto-entrepreneur offre des formalités allégées de création d’entreprise, ainsi qu’un mode simplifié de calcul et de paiement des cotisations sociales et de l’impôt sur le revenu. Depuis le 19 décembre 2014, le régime a été remplacé par celui du micro-entrepreneur.

Un auto-entrepreneur est considéré comme ayant démarré une activité économique quand il déclare au moins un chiffre d’affaires non nul à l’Acoss dans les huit trimestres suivant son inscription.

La proportion d’auto-entrepreneurs actifs à N années est le rapport entre le nombre d’actifs N années après l’immatriculation et l’ensemble des auto-entrepreneurs (ayant démarré leur activité ou non).

Pour les auto-entrepreneurs ayant démarré leur activité, être pérenne à N années, c’est être encore actif sous ce régime N années après l'immatriculation. Par exemple, un auto-entrepreneur immatriculé au premier trimestre 2014, ayant démarré son activité, et encore actif au premier trimestre 2019 (un chiffre d’affaires positif) est considéré comme pérenne à cinq ans. Le terme « pérennité » est donc ici exclusivement réservé aux auto-entrepreneurs ayant démarré.

Un auto-entrepreneur ayant démarré son activité économique est considéré comme l’ayant cessée quand il ne déclare plus de chiffre d’affaires positif à l’Acoss pendant huit trimestres consécutifs. Sa date de cessation économique est alors le dernier jour du dernier trimestre où le chiffre d’affaires déclaré est non nul.

Pour en savoir plus

Dorolle A., « En 2019, 61 % des entreprises classiques créées cinq ans plus tôt sont toujours actives », Insee Première n° 1852, avril 2021.

Gourdon H., « Un nouveau record de créations d’entreprises en 2020 malgré la crise sanitaire », Insee Première n° 1837, février 2021.

Richet D., Bignon N., « Micro-entrepreneurs immatriculés en 2018 : dans les transports, deux sur trois travaillent via une plateforme numérique », Insee Première n° 1821, octobre 2020.