Focus métier

Bateliers : cap sur l'Artisanat

Le 01/10/2019
par Samira Hamiche
Auparavant affiliés à la CNBA, les bateliers de France sont entrés dans le giron de l’Artisanat le 1er juillet 2019. Issu d’une tradition ancestrale, leur savoir-faire exige notamment endurance physique et force mentale. En plus de son fort potentiel économique, le fluvial constitue une solution de transport écologique. 
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Quatre bateaux amarrés à Conflans-Sainte-Honorine, capitale de la batellerie (Yvelines).

La France compte 650 entreprises artisanales de batellerie. Nombre de bateliers travaillent en couple (conjoint collaborateur ou conjoint salarié), sinon avec des salariés (6 maximum), sous le statut d’EI, SARL ou société. Même si leurs revenus sont fluctuants, ces entreprises ont un gros potentiel économique : les plus modestes peuvent générer 150 000 euros de CA par an. Les plus petits tonnages peuvent quant à eux transporter jusqu’à 450 m3 de marchandises…

Un transport écologique

 “Les bateliers travaillent beaucoup avec le secteur céréalier et du BTP, mais ils peuvent tout transporter”, introduit Michel Dourlent, batelier et ancien président de la CNBA. Ces marchandises sont essentiellement des produits lourds et denses : céréales, semences, minerais, matériaux de construction, voi-tures, déchets métalliques…

“Transporter 5 tonnes de marchandises sur 100 kilomètres ne nécessite qu’1 litre de carburant : nous sommes le mode de transport qui consomme le moins. Tous les colis lourds qui passent à ce jour par la route pourraient être transportés en bateau, sans être endommagés ou volés”, relève Michel Dourlent, qui en appelle à la volonté politique de l’Etat.

Itinérance et polyvalence

Les bateliers partagent l’ADN de l’Artisanat. “Comme beaucoup d’artisans, on fait souvent la semaine de 35 heures en deux jours”, témoigne Pascal Malbrunot, batelier et ancien président Bassin parisien de la CNBA. L’état (inégal) du réseau fluvial et la rareté des réparateurs spécialisés dicte la polyvalence : “un batelier, c’est aussi un électricien, un menuisier, un mécanicien”, image le professionnel.

 “Le bateau, c’est notre outil de travail mais c’est aussi notre maison. Nous y vivons continuellement ! Mon entreprise est à Rouen, je peux être demain à Rotterdam ou à Dunkerque.”

Michel Dourlent

Itinérants, peu connectés aux réseaux mobiles… Les bateliers plébiscitent la reconnaissance de leurs spécificités par les CMA. “Pour répondre aux questions d’expertise”, Michel Dourlent suggère le déploiement de “référents batellerie”, a minima dans les chambres concentrant le plus d’artisans bateliers (Hauts-de-France, Île-de-France et Paca). Les CMA, elles, auront à coeur de se coordonner et de faire perdurer les missions autrefois assurées par la CNBA : formalités (passage du permis, immatriculation), aides (crues, fermeture des canaux, etc.) et conseil.

Comment devenir batelier ? 

Pour naviguer, il faut disposer d’une attestation de capacité professionnelle et d’un permis de conduire (certificat de conduite des bateaux de commerce).

Même s’il n’est pas obligatoire, il est recommandé de passer son CAP ou Bac Pro Navigation fluviale, dans un des quatre établissements le proposant : lycées professionnels de Schlitigheim, Montélimar et Elbeuf-sur-Seine, CFA de Tremblay-sur-Mauldre).

Au préalable, il est conseillé de contacter un batelier pour être sensibilisé aux caractéristiques du métier.

LE TEXTE DE REFERENCE - Article L4430-1 du Code des transports

"Relèvent de la batellerie artisanale les entreprises dont l'activité est le transport de marchandises par bateau et qui remplissent les conditions d'effectifs prévues par l'article 19 de la loi n° 96-603 du 5 juillet 1996 relative au développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat".

Un peu d'histoire...

En France, la batellerie artisanale trouve ses origines au Moyen-Age. Au fil des siècles, les matériaux et les voies fluviales se sont modernisées. Avec la Révolution industrielle et l’arrivée du chemin de fer, les bateliers ont été moins sollicités, amenuisant l’effectif et l’effort de rénovation et d’entretien du réseau fluvial.

+ d'infos sur www.musee-batellerie-conflans.fr

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