EY préserve les savoir-faire rares
La Fondation d’entreprise EY pour les métiers manuels permet à des artisans de bénéficier de l’expertise et du regard neuf des collaborateurs du cabinet. Objectif : diminuer leur vulnérabilité aux risques.
Par Julie Le Bolzer
Colette Rapp, 29 ans, est confiturière. Co-fondatrice de Re-Belle, elle propose « des confitures faites maison, concoctées avec des fruits frais en rébellion contre le gaspillage alimentaire ». En effet, la matière première de ses préparations est issue des stocks d’invendus des marchés et supermarchés. Lancée, depuis deux ans, dans cette aventure entrepreneuriale, la jeune femme s’était jusqu’alors concentrée sur les processus de fabrication et les circuits de vente. « Réfléchissant avant tout à l’expérimentation et au lancement, je n’avais pas trouvé le temps de définir une vision d’entreprise globale », concède la jeune femme. C’est chose faite, depuis quelques mois, grâce à l’accompagnement de collaborateurs d’EY.
Une équipe pluridisciplinaire, composée d’un auditeur, d’un expert en développement durable, d’un juriste et de deux spécialistes en business model, a permis à la start-up de repenser sa stratégie. « Grâce à ces différentes expertises, nous allons désormais savoir comment rassurer les investisseurs, calculer nos marges, staffer nos équipes, orienter notre communication..., détaille Colette Rapp. Bénéficier de ces compétences, mais aussi d’un regard neuf sur notre activité, constitue un réel tremplin ». Pour encadrer sa démarche de mécénat de compétences dans les domaines artisanaux, EY a créé, en 2008, sa Fondation d’entreprise pour les métiers manuels.
« Nous voulions une Fondation dédiée à un seul sujet, avec des problématiques éloignées des métiers traditionnels d’EY, d’où le choix du travail de la main, explique Jean-Pierre Letartre, président d’EY France qui préside également la Fondation. Plus globalement, nous entendons nous inscrire dans notre environnement, et agir en faveur de l’emploi et du développement des territoires ». Le fonctionnement de la Fondation repose sur le volontariat des collaborateurs qui sont invités à donner de leur temps pour partager leurs expertises avec les porteurs de projets. A ce jour, plus de 400 salariés du cabinet sont impliqués et une centaine de projets ont été soutenus.
Avocat chez EY Société d’Avocats, Édouard Adeline s’investit, depuis deux ans, au côté de Séverina Lartigue, créatrice de fleurs de soie à Lisieux (Calvados). « Séverina est une artiste, pas une business woman. L’objectif est de l’aider à valoriser son travail et de l’épauler à certaines étapes. Par exemple, lorsqu’une maison de luxe la sollicite pour réaliser des prototypes, ce qui suppose des heures de recherche et de façonnage, nous réfléchissons à la façon de protéger son savoir-faire et de le faire rémunérer », précise l’avocat. De son côté, Séverina Lartigue confie que cet accompagnement est à la fois rassurant et générateur de confiance en soi. « Nous, artisans, sommes parfois des petits moutons vulnérables sur le marché. Les collaborateurs d’EY, eux, connaissent les règles du jeu », dit-elle.
Les porteurs de projet qui bénéficient de l’accompagnement de collaborateurs d’EY sont ébéniste, dentelière, verrier, métallier, créateur de mode... « Derrière chacun d’entre eux, il y a une démarche innovante et un caractère d’intérêt général ou d’utilité sociale, indique Fabienne Marqueste, déléguée générale de la Fondation d’entreprise EY pour les métiers manuels. Tous sont demandeurs d’expertises business, mais aussi et surtout de lien social. Ce qui est également le cas des collaborateurs EY qui les accompagnent ». Afin de fédérer tous les « aidants » et « aidés », la Fondation organise ponctuellement des rencontres (qui s’ajoutent aux rendez-vous mensuels, et aux fréquents appels informels, entre collaborateurs d’EY et artisans).
La dernière en date, qui se tenait début novembre à l’usine IO, un atelier de prototypage implanté à Paris, accueillait notamment le chef Thierry Marx qui a salué cette démarche en faveur de l’artisanat. « Les métiers de la main et de l’intellectuel sont faits pour se rencontrer, l’un ne va pas sans l’autre. Ils doivent sortir de leur silo respectif », estime-t-il. Lors de cet événement, Jean-Pierre Letartre a rappelé que les actions de la Fondation d’EY n’avaient aucune vocation commerciale : « C’est juste une générosité... enrichissante ».