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Avec les nouveaux métiers des fablabs, c'est déjà demain




Forgeur numérique, prototypiste, entrepreneur maker... Ces métiers n'existaient pas il y a dix ans. On les découvre aujourd'hui en poussant la porte d'un fablab, un lieu de conception de produits utilisant les derniers outils numériques. Par ici l'aventure...



Dans le fablab l'Usine IO à Paris. Photo : reussirmavie.net
Dans le fablab l'Usine IO à Paris. Photo : reussirmavie.net
En plein Paris, l'Usine IO est un lieu fascinant. Dans une rue du 13ème arrondissement, il faut pousser une lourde porte métallique pour pénétrer dans un vaste hangar. Pas de fenêtre mais beaucoup de lumière et d'activité. Au fond, derrière une vitre, des personnes travaillent devant des ordinateurs et plus loin, d'autres s'agitent devant de drôles de machines.

Créé en 2014, l'Usine IO est un des nombreux fablabs en train d'éclore en France. Un lieu où l'on conçoit des produits de façon innovante, en mêlant la créativité des startupers, l'ingéniosité des bricoleurs et les dernières prouesses de machines numériques high tech.

Avec les nouveaux métiers des fablabs, c'est déjà demain
"Avec tout cela, nous concevons des prototypes (modèles uniques) pour aboutir à la phase pré-industrielle du cycle de vie d'un produit", explique Benjamin Carlu, directeur de l'Usine IO, lors d'une soirée de présentation des nouveaux métiers des fablabs organisée par EdFab.

Et ça marche ! Des ateliers de l'Usine IO ont déjà jailli des innovations comme Timescope, étonnante borne de réalité virtuelle qui vous permet de voir comment était un lieu à différentes époques, ou Stanley Robotics, plus pragmatique, le robot qui gare votre voiture tout seul dans les parkings, ou plus écolo, la trottinette électrique Electric Mood...

Fab managers : des métiers d'accompagnement et d'animation

Le lieu n'est pas réservé à une entreprise (même si de plus en plus ont leur propre fablab) mais ouvert à tous ceux et celles voulant venir créer un produit, les "entrepreneurs makers", sur le même principe qu'un incubateur.

Les fablab managers sont donc là d'abord pour accompagner les créateurs. "On reçoit 300 projets par an : 70% sont portés par des startups, 20% par des groupes industriels et 10% par des indépendants, explique Benjamin Carlu, ingénieur mécanique de formation. Nous les aidons à analyser leur projet, à trouver les bonnes solutions techniques, sans oublier de penser à l'utilisation finale du produit par le consommateur".
 
Le métier de fablab manager consiste à mettre du lien

Les qualités relationnelles semblent tout aussi importantes pour le job que l'expertise technique ! "Il faut beaucoup d'écoute, souligne Cécole Combaz qui travaille dans le "Faclab" de l'université de Cergy Pontoise. Le métier de fablab manager consiste à mettre du lien : nous devons faciliter le partage de connaissances, stimuler la créativité, organiser des ateliers, et bien sûr accompagner techniquement les projets."

Mais aussi des talents techniques pour fabriquer

La technique ne peut tout de même être ignorée car l'originalité d'un fablab, c'est d'abord la "fab" : on y vise la vraie fabrication d'objets ​qui pourront être produits industriellement. 

"Ici, on fait des prototypes, pas de Powerpoint", précise fièrement Benjamin Carlu. Pour cela, on met les gens devant les outils". Les animateurs du fablab aident les créateurs à paramétrer et utiliser ces machines high tech incluant une bonne dose de numérique.

Exemple : l'imprimante 3D, vous connaissez ? En fait, cette machine n'imprime aucune feuille (ce serait du 2D) : elle sort de véritables objets en plastique ou métal grâce à un paramétrage numérique très précis du produit en 3 dimensions. La découpe laser permet aussi de réaliser des pièces au millimètre.

Et puis un fablab est aussi équipé d'outils pour travailler le bois (scies, perceuses, ponceuses), la tôle (découpe plasma à commande numérique, poste à souder MIG...), d'outils électroniques, de matériel d'ajustage, d'usinage et bien sûr de nombreux logiciels de conception.

Le métier de forgeur numérique : développer la créativité par le 'faire'

A 26 ans, Clément Lefeuvre a été recruté à la sortie de son école d'ingénieurs par Ici Montreuil, un fablab de 1800 m2 situé à Montreuil (93) et spécialisé dans les projets artistiques ou artisanaux. "J'avais fait une option innovation durant mes études et j'ai choisi de faire mon stage final à Ici Montreuil où j'ai été embauché". Clément explique aussi qu'une longue expérience de scoutisme lui a donné le goût du "faire".

Dans son fablab, il est forgeur numérique. Sa première mission est de veiller à l'entretien et l'utilisation des nombreuses machines. "J'aide les gens à travailler sur les machines, à les paramétrer. Mais je fais aussi beaucoup de formation : j'anime des ateliers pour développer la créativité par le faire, et pour cela, on utilise tout autant le papier-crayon que les machines", explique-t-il.

Manifestement, les fablabs exigent des qualités à 360°. Pas question de se cantonner dans la technique. "A Ici Montreuil, on rencontre plein de gens, des ébénistes, des artistes, des cadres d'Airbnb ou de la SNCF... Les projets partent dans tous les sens et il n'y a pas une journée semblable à une autre !" raconte Clément.

En tout cas, voilà un ingénieur heureux qui fait un peu envie à ses anciens copains d'école coincés dans de grands groupes sur un projet unique.

Diaporama : dans les locaux du Fablab Ici Montreuil 

Prototypiste : comprendre le besoin et le traduire en prototype

Albane Imbert, elle, est prototypiste à l'Institut Pasteur, grand centre de recherche dédié à la santé qui vient lui aussi d'ouvrir son fablab pour aider ses chercheurs à inventer des dispositifs pour leurs expériences ou pour les thérapies.

Le  prototypiste, c'est le spécialiste de la fabrication des fameux prototypes. "Mon métier, explique-t-elle, est avant tout basé sur la compréhension de leur besoin et sa traduction pratique. Il faut du dialogue, de l'analyse, un peu de débrouille et pas mal d'ouverture d'esprit". Des qualités stratégiques pour concevoir un aspirateur de moustiques pour étudier le virus chikungunya, un kit souris, ou des implants dégradables à placer dans le muscle !
 
Mon métier se base sur le dialogue, l'analyse, un peu de débrouille et pas mal d'ouverture d'esprit

"Mais ce n'est pas parce que les chercheurs exercent une activité de pointe que les outils qu'ils mettent au point au fablab sont nécessairement complexes, assure-t-elle. En réalité, il n'y a pas plus maker qu'un chercheur et souvent, les solutions les plus simples nous apportent les meilleurs résultats".

Quelles formations pour travailler dans un fablab ?

Ces métiers étant nouveaux, il n'existe pas encore de véritables filières de formation pour les jeunes. D'autant qu'on y croise une grande diversité de profils et de talents : de nombreux ingénieurs, mais aussi des designers (car les produits doivent être beaux), des spécialistes de la conception numérique ou des artisans, des experts de l'innovation et de la conception de produits, des informaticiens, des spécialistes de l'entrepreneuriat ou de la formation...

Les formations scientifiques sont évidemment appropriées, mais surtout les filières technologiques où l'on apprend davantage par l'étude des applications que par la théorie. Le bac STI2D option innovation technologique éco-conception ouvre ainsi sur la conception de produits et peut-être poursuivi par de nombreux BTS, DUT ou études en école d'ingénieurs.

Signalons aussi deux formations postbac en trois ans pouvant ouvrir sur les activités des fablabs : le bachelor Solutions numériques connectées lancé par l'ESEO (une école d'ingénieurs) en 2016 et qui prépare aux métiers des objets connectés, et le bachelor de technologie d'Arts et Métiers ParisTech réservé aux bacheliers technologiques.

Quelques formations courtes tout de même

Il existe quelques formations pour les personnes souhaitant se préparer aux fonctions d'animation des fablabs. Elles sont plus adaptées aux adultes souhaitant se reconvertir, se spécialiser, ou ouvrir un fablab dans leur entreprise ou leur école.

- Le diplôme universitaire (DU) "Facilitateur" de l'université de Cergy-Pontoise prépare au métier de fabmanager ou facilitateur. La formation consiste en 110 heures de formation dont 70 heures d'atelier avec de nombreux projets à réaliser de façon collaborative. 

- La coopérative tiers-lieux en Aquitaine propose une formation de "facilitateur de tiers-lieux ". Durée : 16 jours étalés sur un an.

- Le fablab Ici Montreuil a monté pour des demandeurs d'emploi de 18 à 35 ans une formation de 5 mois intitulée "Entrepreneur Maker ". Elle a obtenu le label de la Grande école du numérique (GEN) et est gratuite. Les étudiants apprennent d'abord à fabriquer un prototype puis à construire un projet entrepreneurial. Ceux qui le souhaitent peuvent ensuite être incubés durant 12 à 24 mois à Ici Montreuil.
 

Des débouchés encore modestes mais prometteurs

Ces métiers offrent-ils beaucoup de débouchés ? Pour l'instant, les fablabs sont animés par de petites équipes et les recrutements sont encore modestes.

Mais de nouveaux fablabs ouvrent chaque année dans diverses structures : grandes entreprises, universités, écoles d'ingénieurs, associations, espaces de coworking, collectivités locales... Ces métiers devraient donc se développer et surtout, les méthodes innovantes de création collaborative devraient se diffuser rapidement. 

Les talents des entrepreneurs makers et des fabmanagers seront alors très appréciés.



8 Février 2017

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